L’épopée de la bande à Bonnot n’aura duré que quelques mois, mais le résultat sera à la hauteur de la légende qui en découlera. En effet, entre décembre 1911 et avril 1912, par le vol, le crime et la provocation, quelques anarchistes et criminels de droit commun assèneront des coups mortels à cette société bourgeoise qu’ils rejettent en bloc. Jules Bonnot et sa bande d’« illégalistes » sont des hommes encore jeunes, souvent démunis et rejetés pour leurs opinions extrémistes. Ils ont la haine d’une société faite, selon eux, d’injustices et d’inégalités. Par leurs actions, ils vont bien au-delà de la cause anarchiste, luttant contre l’ordre établi avec une violence extrême et souvent gratuite. Autre trait marquant : un mépris certain de la mort, qu’ils considèrent comme l’acte final de leur condition. Au cours des années 1911 et 1912, cette équipe de malfaiteurs va inspirer une immense frayeur à la population et plonger les autorités françaises dans l’embarras, chacun voyant en ces actes fous un retour en force d’une époque que l’on a trop vite cru révolue : celle de la « Terreur noire », dont l’anarchiste Vaillant demeure le symbole le plus explosif ! Mais elle va aussi susciter, à l’instar de ce que fut Robin des Bois dans l’imagerie populaire, une certaine admiration dans le camp des plus pauvres ! Cent ans plus tard, la légende est toujours aussi vivace. Les actes de Bonnot et de ses compagnons ont dépassé de loin la simple épopée criminelle. Ils sont également le cliché d’une époque où les « illégalistes » apparaissaient comme de dangereux poètes, inspirant à la fois crainte et admiration.