Willi Münzenberg, artiste en révolution (1889-1940)

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Willi Münzenberg, artiste en révolution (1889-1940)

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Pour connaître Willi Münzenberg, on disposait, en français, essentiellement des actes d’un colloque qui a lui a été consacré (W. Münzenberg. Un homme contre , Paris, Le temps des cerises, 2000) et de quelques notes éparses ici ou là dans des publications consacrées à l’antifascisme allemand en exil. Désormais existe une biographie de référence sur l’homme, le militant et le dirigeant que fut Münzenberg. S’appuyant sur une documentation en partie inédite (les propres textes autobiographiques de Münzenberg non traduits, en particulier pour la première partie de sa vie), ainsi que sur la biographie (en anglais W. Münzenberg. A Political Biograpy , Michigan UP, 1974) que lui a consacré sa dernière compagne Babette Gross, les auteurs nous livrent un pavé de référence. Ajoutons que malgré la taille (plus de 600 pages), les auteurs, journalistes de métier, savent captiver le lecteur grâce à un style très vivant qui nous entraîne dans une véritable épopée. Et en effet, le personnage dont il est question semble avoir vécu plusieurs vies. Dès son plus jeune âge Münzenberg s’engage dans le mouvement ouvrier. Rétif à la notion d’autorité, c’est une éducation marquée par la pensée et la pratique libertaire qui semble l’attirer. S’il découvre très tôt l’importance de la lecture et de la littérature (en particulier Strindberg), le jeune ouvrier se forge une conscience de classe. Mais cette conscience, c’est au sein du mouvement révolutionnaire social-démocrate en train de se constituer, en particulier dans son mouvement de jeunesse, qu’elle va se déployer. Profondément antimilitariste, opposé de ce fait à la guerre, Münzenberg se réfugie en Suisse. Déjà dirigeant international du mouvement de la jeunesse social-démocrate, il va animer l’Internationale de la jeunesse, liée à la IIe Internationale. Il participe aux conférences de Zimmerwald et de Kienthal, qui rassemblent les diverses oppositions à la guerre. C’est là, dans la paisible Suisse, qu’il rencontre Lénine et les bolcheviks. La conversion au bolchevisme sera longue, mais définitive. Münzenberg apparaît, au sortir de la guerre, comme un léniniste allemand. Expulsé de Suisse au moment où la révolution éclate en Allemagne, il participe au mouvement de toute son énergie. De manière assez miraculeuse et rocambolesque, il échappe à la répression et s’engage dans la formation du très gauchiste parti communiste allemand du début de la République de Weimar, le « chaudron » selon le mot des auteurs de cette période. Münzenberg va devenir un des hommes clés du Parti communiste allemand (KPD). C’est un kominternien de choc. Après avoir résisté, il accepte l’intégration de l’Internationale communiste de la jeunesse au sein de l’appareil de l’Internationale communiste. Il est l’homme de la presse de masse du KPD. C’est un des inventeurs de la presse moderne. Avec l’aide d’une pléiade d’intellectuels et d’artistes d’avant-garde, il crée l’Arbeiter Illustrierter Zeitung, (AIZ), le plus important hebdomadaire de la presse communiste en Allemagne. Au fil des années, devenu homme de presse, il devient également un stalinien zélé. Au moment de l’arrivée d’Hitler au pouvoir, il parvient, encore dans des conditions assez périlleuses, à fuir vers la France, tandis que ses camarades commencent à prendre le chemin des premiers camps de concentration ouverts dès mars-avril 1933. De Paris, il sera l’animateur du mouvement antifasciste en exil. C’est lui notamment, qui grâce à un dense et international réseau de relations, publiera le fameux « Livre brun », dénonciation européenne et mondiale de l’incendie du Reichstag. Procès qui tournera à la débandade pour les nazis, obligés de relâcher Dimitrov, le dirigeant de l’IC. C’est également Münzenberg qui sera l’homme clé pour la mise sur pied d’organes antifascistes aussi influents que fut le mouvement Amsterdam-Pleyel. Par l’intermédiaire de ses contacts dans de nombreux milieux (les auteurs suggèrent d’ailleurs que Münzenberg aurait pu appartenir à la franc-maçonnerie), il alerte l’opinion mondiale sur les dangers du nazisme. Il contrôle et anime l’ensemble du système éditorial à partir de Paris. Cet engagement de tous les instants va cependant se briser sur les procès de Moscou qui voient Staline, à partir de 1936, éliminer la vieille garde bolchevique. Le point de rupture pour Münzenberg est alors atteint. Il traîne des pieds pour se rendre régulièrement à Moscou et fait part, en privé tout d’abord, de ses réticences face à l’évolution du monde soviétique. Selon les auteurs, la politique de l’IC des fronts populaires précipite son évolution politique, vers la gauche non stalinienne. Alors que plusieurs de ses connaissances évoluent vers le trotskysme, au prix de leur vie, Münzenberg semble se situer dans une position non partidaire. Emprisonné, comme tous les réfugiés allemands, lors du déclenchement de la guerre, il s’enfuit avec un groupe de compagnons lors de l’approche des troupes nazies. C’est dans ces circonstances qu’il meurt, pendu, dans des conditions troubles. Dugrand et Laurent mènent, rétrospectivement, une enquête qui insiste fortement sur les contradictions des témoignages recueillis. Une fois Münzenberg mort, le récit se conclut par l’évocation du cas de sa belle-sœur, Margarethe Buber-Neumann, femme du dirigeant du KPD exécuté à Moscou.

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Author: Dugrand, Alain & Frédéric Laurent
Year: 2008
ISBN: 9782213631721
Pages: 632
Language: French / Français
Publisher: Fayard
Publisher's city: Paris
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