La dernière semaine de mai 1871 fut particulièrement dramatique pour les vaincus : tout communard, tout suspect de l’être, risquait l’exécution sommaire. Certains y échappèrent mais, traduits sans délai devant un Conseil de Guerre, connurent généralement le même sort. Puis vint l’incarcération près de Paris, au camp de Satory, la suite est connue : des milliers d’hommes et de femmes furent envoyés sur des pontons en France métropolitaine avant d’être déportés en grand nombre en Nouvelle-Calédonie. Pour ceux ayant échappé à l’arrestation se cacher à Paris ou en province avec le risque d’être dénoncés puis arrêtés était une solution précaire ; beaucoup passeront donc à l’étranger avec comme destination privilégiée l’Angleterre dont ils connaissaient le régime libéral. Quant à la Suisse et la Belgique, également pourvues d’institutions démocratiques, elles seront généralement considérées comme deuxième choix. La Belgique était un lieu de passage privilégié pour gagner Anvers ou Ostende et de là Londres mais certains ne poursuivront pas leur périple : une proximité linguistique et surtout des possibilités d’embauche sur les grands chantiers liés à la transformation de la ville de Bruxelles les pousseront à se fixer en Belgique. De toute manière il s’agira d’un séjour forcé avec tous les aléas que cela comporte, le tout évoqué par l’auteur qui aborde près d’une quarantaine de sujets : les personnalités diverses des proscrits, leur passé, leur cohésion dans l’adversité, le maintien ou non de leur militantisme politique et social, la persistance de leur anticléricalisme… Un panel de données tiré de la consultation d’archives mais aussi de sources imprimées permettra au lecteur de découvrir un sujet peu connu : une importante immigration française à caractère politique dans la Belgique du 19e siècle. Francis Sartorius, ancien bibliothécaire à l’Université de Bruxelles, a consacré seul ou en collaboration de nombreux travaux relatifs aux proscrits de la Commune ainsi qu’au parcours d’autres réfugiés politiques de diverses nationalités qui se fixèrent eux aussi en Belgique au 19e siècle.