Dans le bruit de la cataracte du temps

P. Canjuers a commis avec Guy-Ernest Debord Les Préliminaires pour une définition de l’unité révolutionnaire qui fut l’un des textes fondateurs de la tendance politique qui bientôt dominera l’I.S. (même si elle se révélera plus un jeu qu’un enjeu…). Canjuers-Blanchard jusqu’alors plutôt inconnu du brouhaha situationniste (hormis d’un groupe quelque peu initié) n’a jamais eu un quelconque démêlé ni avec G. -E. D. ni avec quiconque de l’I.S., un peu à la manière d’Asger Jorn. Il connut G. -E. D. à Socialisme ou Barbarie, la future bête noire de l’I.S. C’était la période pétillante, fondatrice du mouvement. Il s’en éloigna sans se renier, ce qui en quelque sorte lui permet aujourd’hui d’être toujours le même. Pour la première fois depuis qu’il cessa le compagnonnage avec l’I.S. Blanchard dit qu’il est Canjuers, et à sa façon, ce qui fut et reste Debord. Ce promeneur de mots, qui les trace comme ses pas d’infatigables marcheur sur le bord du récit, se souvient du paradoxe Debord : ce dernier, fin esthète et bon buveur, à l’intelligence pétillante n’avait aucune jugeote politique, et il en devint pourtant l’un des plus fins analyste, pour finalement conclure à une posture purement artistique fondée sur les invraisemblances de complots, de soutiens de mouvements révolutionnaires plus ou moins réels… C’est ce délire, cette inconsistance de l’objet qui à force de tout extasier forme une pensée politique hyper pertinente dans le vieillissement spectaculaire de la société. Le froid regard d’un ami dans le concert d’éloges sur Debord fut maintes fois refusé, il trouva enfin un écho dans une revue américaine, pays bien connu de D. B. qui a traduit nombre de ses essayistes et écrivains.