Des barricades à l’île du diable

Un document inestimable, tant ce récit permet de combler de larges pans inexplorés de l’après-juin 1848. Menuisier en bâtiment, âgé de 31 ans lors des journées de juin 1848, Jean-Baptiste Dunaud prend part à l’effervescence révolutionnaire. Arrêté le 3 juillet 1848, il est écroué successivement à Cherbourg, Belle-Ile, puis transporté en Algérie et en Guyane. En dépit de sa longue captivité et de son histoire hors du commun, Jean-Baptiste Dunaud aurait dû rester, pour toujours, l’un de ces oubliés dont les traces dans les manuels d’histoire sont lacunaires, sinon inexistantes… C’était sans compter sur la minutie avec laquelle ce révolutionnaire a, des années durant, pris en note les péripéties de ses incarcérations successives, les conditions de vies des détenus, la solidarité ouvrière qui reproduit, même dans des situations extrêmes, les principes de démocratie sociale auxquels lui et ses compagnons d’infortune aspiraient. Ses notes, il les a consignées ultérieurement dans un carnet manuscrit de 201 pages, soigneusement entretenu et calligraphié. Rédigées par un témoin direct et protagoniste des événements, ces pages nous racontent de l’intérieur, au plus près des acteurs, le quotidien d’une révolution, puis celui de la transportation.